Tinsel a écrit:Certains jours, comme aujourd'hui, la double page de lecture de ma pâquerette me désespère... Un jour sur 2 en fait, alors vivement demain!
Chaque jour son style d'erreurs, aujourd'hui c'était uniquement b/d mais ils y sont tous passés et il y en avait beaucoup! Parfois c'est les lettres muettes en fin de mot, parfois le contraire, elle ne dit pas la fin du verbe au passé simple, l'autre jour c'étant an/in... L'avantage c'est que ce n'est jamais toutes les erreurs en même temps, mais bon, c'est pas fluide du tout... Par contre elle se régale toujours autant avec les exercices, et même toute la page de droite dans l'ensemble.
Bon après je suis consciente que la chèvre de Monsieur Seguin c'est quand même pas facile facile, il y a beaucoup de vocabulaire inconnu donc ça empêche de reconnaître plus globalement (campanules, digitales pourpres, buissière, capiteux... et j'en passe!)
C'est un peu fait exprès, ces difficultés de vocabulaire. Pour contrer le schéma que nous avons tous appris en animations pédagogiques : « On ne ne peut lire qu'un texte dont on détient déjà au moins 80 % des informations. »
Bien sûr que si qu'on peut lire campanules, digitales pourpres, buissière, capiteux... et j'en passe. Après, qu'on le comprenne et surtout qu'on ait besoin de le retenir, c'est différent. Si on jette un coup d’œil sur Google images pour regarder la photo d'une campanule, d'une digitale et d'une buissière avant que les pyrales du buis les aient toutes dévorées et si, en quelques mots, on explique qu'un suc capiteux, c'est un jus au goût exquis, délicieux, parfumé, sans exiger bien sûr qu'aucun enfant ne retienne ça, on a atteint le but fixé au CP.
Quand ils reliront le conte en étudiant Les Lettres de mon Moulin, au CM1, par exemple, après avoir bien râlé que "c'est pour les bébés" et qu'ils l'ont déjà lu cent fois, et qu'on leur dira : « Allez, allez, la flore des Alpes méditerranéennes, mes cocos,au boulot ! Vous l'avez d'jà lu, alors, ça va être simple pour vous ! Vous avez cinq minutes pour relever tous les termes qui s'y rapportent ! », ils apprendront qu'il existe des dizaines de niveaux de lecture et que ce qu'ils avaient lu au CP pour retenir qu'un monsieur s'était fait manger toutes ses chèvres par le loup mais qu'il avait continué à en acheter des nouvelles jusqu'à une dernière, la septième, très courageuse et très fofolle qui avait tenu toute la nuit mais pas plus, pouvait se relire à 9 ou 10 ans pour y trouver encore des dizaines d'autres trésors.
Pour ta Pâquerette, si j'étais toi, surtout quand elle fatigue, je lui donnerais la lettre avant qu'elle ne commence à déchiffrer le mot : « Attention, regarde, il a le "ventre" en bas et à gauche, alors c'est un D qui fait [d] », avec le geste Borel en prime.
Dans mes classes, généralement, je leur faisais lire le texte de la page de gauche en deux jours, et chaque jour, nous ne faisions que la moitié des exercices. Ces textes sont difficiles (si je refaisais le livre aujourd'hui, j'oserais faire des coupes claires, comme j'ai fait dans Cosette, pour le livre CE1), mais nos collègues sont tellement à cheval sur les textes intégraux que je n'ai pas osé...
Et puis, si on regarde les Père Castor des débuts, destinés pourtant à des écoles maternelles, le conte y est bel et bien dans sa version intégrale... Si nos parents pouvaient le faire, malgré tous les perturbateurs endocriniens du monde, je suis persuadée que nos enfants ou petits-enfants peuvent le faire aussi, si le niveau d'exigence redevient « à taille d'enfant », bien sûr.