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Les déterminants : rouvrons le débat !

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Rikki
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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:Non ; je ne range pas dans des "classes". Ou alors il faut dire que je range les verbes et les adjectifs dans la même classe: celle des mots variables. Et les prépositions ensemble avec les pronoms dans la classe des mots grammaticaux.
En tant qu'ils sont des adjoints du nom, oui, les adjectifs déterminatifs et les adjectifs qualificatifs appartiennent à la même catégorie : ils ont une partie de leur nom en commun. En tant que les uns qualifient le nom et les autres en précisent le sens, ou, si vous voulez en détermine la signification, leur nature est différente.
C'est justement là que nous ne sommes pas d'accord. 
Vous disiez trouver "évident" ce que j'affirmais plus haut, et pourtant je disais le contraire.
Les déterminants ne détermine aucunement la signification du nom, mais son plus ou moins d'actualité. Au mieux, la quantité... Et encore. ! s'agissant du pluriel, les noms sont souvent marqués par un "s", un "x" ou une terminaison particulière).

D'autre part, les déterminants me semblent autant des "mots grammaticaux" que les pronoms, car n''ayant d'autre signification que de lier le texte, assurer sa cohérence en liant les objets (les noms) entre eux ou avec ce qui précède.

Quand je traite les déterminants en classe, je pars souvent de ce petit texte :
Un jour, un pingouin se promenait sur la banquise. Un pingouin trouva une écharpe. Il ramassa une écharpe et la mit autour de son cou. Mais un pingouin ne savait pas qu'une écharpe appartenait à l'ours blanc.

Les élèves en saisissent très bien l'incohérence, uniquement due aux déterminants, qui ne remplissent plus, dans ce texte, leur rôle de présentation d'un objet du monde (monde créé de toutes pièces par ce petit texte) en fonction de ce qui précède, ou de nos connaissances communes sur lui. 
Ils comprennent également le "la" de "banquise", et le "l'" de l'ours : il n'en existe, dans ce "monde" qu'un(e) seul. 
Ce qui choque, c'est "pingouin", et "écharpe" : le fait de présenter ces "objets", comme inconnus devient simplement incohérent. A aucun moment le sens (ni même les caractéristiques intrinsèques) d'un pingouin ou d'une écharpe ne sont affectés.
On peut écrire le même genre de texte en jouant sur l'incohérence des pronoms :
Un jour, un pingouin se promenait sur la banquise. Ils trouvèrent une écharpe. Elle ramassa l'écharpe et la mit autour de son cou. Mais il ne savait pas que l'écharpe appartenait à l'ours blanc.

On remarque aussi que la grammaire "de phrase", qui, en présentant des phrases isolées ne référant finalement à rien, ne présentant aucun "monde", est limitée. Oui, elle peut servir à étiqueter (pour reprendre votre terme) les mots, à étudier les règles d'accord (ce qui est déjà pas mal !) mais elle ne figure en rien le rôle des déterminants, ni d'ailleurs des pronoms, puisqu'ils jouent communément un rôle de lieur.
En effet, si j'étudie les phrases une à une, tout est correct, je peux réciter la nature précise de chaque mot qui les compose. Mais une fois bout à bout, on voit bien que le rôle des déterminant est autre que de donner une information quantitative ou qualitative sur le nom.

D'ailleurs, dans une phrase comme : /se/ enfants sont polis., on ne peut savoir s'il faut écrire "ses" ou "ces" sans le contexte.

Le sens des déterminants, comme celui des pronoms, est donc très limité, voire nulle. Ils permettent juste d'assurer la cohérence du texte dans un unique souci de communication. 
Les déterminants ont d'ailleurs été crées pour cela, si je ne m'abuse, quand le latin est devenu quasiment uniquement oral. La latin classique s'en passait quasiment, puisque l'on pouvait se référer au texte. A l'oral, il a fallu être plus redondant, donner des indices plus forts sur les noms : marquer le nombre et le genre, d'abord, même s'ils sont intrinsèques au nom; et également positionner les objets dans une réelle situation communicative. L'oral est avant tout utilitaire, il faut se faire comprendre car le message est souvent urgent. Il est donc, davantage que l'écrit, axé sur les redites, les liens, les reprises.
C'est peut-être de cette importance à communiquer clairement à l'autre que nous viennent les déterminants.



Dernière édition par Mufab le Mar 27 Jan - 11:17, édité 1 fois

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Rikki

Rikki
Maîtresse du monde en sous-chef

C'est très intéressant ce que tu racontes, parce qu'en ce moment je travaille en alphabétisation avec une adulte, et j'ai du mal à faire percevoir le déterminant, justement.

Ou la préposition, d'ailleurs.

Sur les fiches de Zaubette (merci, Zaubette !), elle m'écrit par exemple :

les gumes

ou le verbe :

de rmir

C'est compliqué de faire écrire les légumes, parce que ça fait "lélégumes" dans sa tête, et puis elle n'a pas conscience de prononcer ce déterminant. On a travaillé justement hier sur la différence entre "le, la" et "un, une", et je crois qu'elle a commencé à comprendre, mais c'est difficile.

Pour le verbe, c'est à cause du "il est en train de..." que j'ai obtenu "de rmir".

Là encore, c'est difficile de percevoir ces petits mots de rien du tout, qui ne portent pas autant de sens qu'un nom ou qu'un verbe, mais qu'on utilise pourtant.

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nlm76

nlm76
Maître du monde aussi

@Mufab
Qu'est-ce que la signification ? "Le cheval" n'a pas la même signification que "un cheval". Ce que vous appelez l'actualisation du nom relève de la signification. La signification d'un mot, ce n'est pas seulement sa définition hors contexte. D'autre part, bien sûr que les pronoms sont autant des mots grammaticaux que les adjectifs déterminatifs; je n'ai jamais dit le contraire.

Quant à ce que vous affirmez sur le latin, c'est absolument n'importe quoi. Le latin a toujours été une langue orale !!! Toute langue se donne les moyens de communiquer clairement. Autrement dit, d'une certaine façon, communiquer et signifier c'est tout un.

Cela dit, je trouve votre façon de présenter la signification des articles définis et indéfinis tout à fait juste.

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:

Quant à ce que vous affirmez sur le latin, c'est absolument n'importe quoi. Le latin a toujours été une langue orale !!! Toute langue se donne les moyens de communiquer clairement. Autrement dit, d'une certaine façon, communiquer et signifier c'est tout un.

Ben faudra le dire à mes anciens profs de philologie.
Parce que tant que le latin était écrit, il est resté relativement figé (autant en tout cas qu'une langue écrite peut l'être. Le français est actuellement très figé, malgré quelques nouveautés issues de l'usage - donc de l'oral, désolée).
C'est à partir du moment où le latin est devenu exclusivement oral que sont apparus les déterminants, et qu'il a subi les transformations que l'on sait. C'est vrai ou c'est faux, ça ? 

Et sinon, quand ?
Et pourquoi ?

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Mufab

Mufab
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Bon, je crois qu'il est temps de faire un petit bilan du débat :
- d'un côté les partisans d'une grande classe de mots-outils, ayant trois traits (au moins) en commun : se trouver devant un nom (= introduire un nom en discours); placer ce nom dans une plus ou moins grande actualité du point de vue des énonciateurs; ne détenir aucun sème propre, hormis la quantité, plus ou moins vague, mais créer du lien - pour le possessif uniquement - entre les objets du discours.

- de l'autre, les partisans de sous-classes hermétiques parmi les déterminants, avec certains qui seraient du côté des articles, et les autres du côté des adjectifs. On aurait donc une immense classe d'adjectifs, allant du mot "ce" au mot "terrible"... sachant qu'ils n'ont pas grand-chose en commun, mis à part peut-être leur faculté à intégrer un groupe nominal.

J'aimerais vraiment connaître les critères qui permettent d'en ranger certains du côté des adjectifs, et d'isoler les articles comme s'ils n'avaient pas assez en commun avec eux.

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:@Mufab
Qu'est-ce que la signification ? "Le cheval" n'a pas la même signification que "un cheval". Ce que vous appelez l'actualisation du nom relève de la signification. La signification d'un mot, ce n'est pas seulement sa définition hors contexte. (...)
Vous comparez là deux groupes nominaux, et non deux mots.
Les groupes nominaux sont piègeux, je le reconnais, parce qu'on a l'impression qu'il ne forme qu'une unité, puisqu'il ne renvoie qu'à un seul objet (= "objet" ou "être", Mareuil, si tu préfères, physique ou métaphysique, peu importe.)
C'est vrai, et c'est pour ça que ce terme de "groupe nominal" est essentiel dans la compréhension. "Le cheval de Nestor", c'est un seul objet.

Pourtant, dans le cas qui nous occupe, nous ne voulons que comparer les déterminants, et l'effet qu'ils ont sur le mot "cheval".
 
La signification de "cheval", ce sont tous les attributs que le terme renferme en soi. Bien sûr que "cheval" dans "un cheval" a la même signification que dans "le cheval". Ou alors il n'y a plus de langue... et chacun voit "cheval" à sa porte.

Il n'y a qu'un élément du GN qui a changé en passant de "un cheval" à "le cheval", et je ne pense pas que ce soit ni la signification qui en soit modifiée, ni le référent (il peut s'agir, selon les textes, du même cheval : "Un cheval courait dans le mauvais temps. Il avait bien du courage. Mais à la fin de la chanson, le (ou ce, c'est pareil) cheval est mort sans voir le printemps."

Ce qui a uniquement changé, que l'on mette "le" ou "ce", c'est qu'on a déjà parlé du cheval. On indique simplement que c'est le même.

Comparons maintenant "petit cheval" au "cheval immense", et votre cheval s'en trouve modifié.

En revanche, si j'écris : "Un cheval immense courait sous la pluie. Un cheval immense est mort d'épuisement", le fait qu'il s'agisse du même est beaucoup plus problématique (sauf anaphore poétique). Adjectif qualificatif et déterminant (même démonstratif) n'ont absolument pas le même rôle.



Dernière édition par Mufab le Lun 2 Fév - 10:35, édité 1 fois

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Dobo

Dobo
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Je sens que je commence à pencher du côté de Mufab

Mufab

Mufab
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Dobo, ne dis pas ça, malheureuse ! Tu vas te mettre à dos tout le GRIP !

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

Sur le sujet de la "signification", qui est déjà débattue dans la grammaire de Port Royal, juste une petite copie d'écran d'une proposition de Duclos (contemporain de Jean-Jacques Rousseau), qui a beaucoup réfléchi sur notre langue.

Les déterminants : rouvrons le débat ! - Page 6 Duclos10

La distinction qu'il fait entre "déterminé" et "indéterminé" est très complexe, et je ne comprends pas tout... (grosso modo, un nom est "indéterminé" quand rien n'indique s'il est pris en général ou en particulier. Je comprends cela comme le nom "du dictionnaire", en dehors de toute utilisation.) 

 Toujours est-il qu'il distingue"signification" et "étendue", ce qui me semble fort intéressant.
Le reste est ici : https://books.google.fr/books?id=4WrIiIIn2ogC&pg=PA508&lpg=PA508&dq=l%27%C3%A9tendue+du+nom+commun&source=bl&ots=AydplWiSW0&sig=KZO-UgpDVj8E78BOjY60cOHIv0k&hl=fr&sa=X&ei=Q0fPVL-BDMXoUpj4gdAK&ved=0CC4Q6AEwAg#v=onepage&q=l'%C3%A9tendue%20du%20nom%20commun&f=false

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

La page 509 passe en revue les cas où l'on peut se dispenser d'article, parce que le nom commun est "déterminé par quelque autre chose".

On y retrouve vos exemples plus haut :
- les vocatifs, déterminé comme nom propre : Ciel, que tu es bleu ce matin;
- le sujet qui détermine l'attribut dans : Je suis institutrice.
- ...

j'aime le 3° de cette page....



Dernière édition par Mufab le Mar 3 Fév - 13:50, édité 2 fois (Raison : faute berk)

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Dobo

Dobo
Maîtresse du monde aussi

Mufab a écrit:Dobo, ne dis pas ça, malheureuse ! Tu vas te mettre à dos tout le GRIP !

Mais non ! Je soigne les chats de Guy Morel par téléphone. A chaqsue fois qu'il a un chat malade, il se rappelle mon existence. Laughing

Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

Et ses ânes vont bien ?

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:

Quant à ce que vous affirmez sur le latin, c'est absolument n'importe quoi. Le latin a toujours été une langue orale !!! Toute langue se donne les moyens de communiquer clairement. Autrement dit, d'une certaine façon, communiquer et signifier c'est tout un.

Certes, mais l'apparition des déterminants dans la langue française est concomitante de l'abandon des désinences. Il y a donc bien un lien avec la nécessité d'un discours sans ambiguïté.
On trouve d'ailleurs, il paraît, des "supra dictus" (le dit, le sus-dit) à foison dans les textes juridiques dès le latin classique, pour insister sur l'identité des référents et éviter tout malentendu - alors que le texte littéraire s'en passe facilement.

Ce qui est rigolo, également, c'est que nos articles "le /la /les" viennent des démonstratifs latins ille, illa, illud.

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Rikki

Rikki
Maîtresse du monde en sous-chef

Si je comprends bien (et je ne comprends pas tout, hein, mais je fais des efforts), un grammairien contemporain de Rousseau, homonyme avant l'heure d'un chef du PCF, estimait qu'un nom devait être déterminé, sauf dans certains cas.

Parlait-il de déterminant ?

Personnellement, je trouverais beaucoup plus logique "article", mais j'aimerais pouvoir y inclure les "articles possessifs", "articles démonstratifs", ça me simplifierait beaucoup la vie. Je trouverais beaucoup plus logique de basculer "ce", "son" du côté de "le", "un" que de les laisser du côté de "grand" ou "idiot".

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Rikki

Rikki
Maîtresse du monde en sous-chef

Vudici a écrit:Ah, je suis d'accord avec toi, Rikki. Je viens prendre une dose de déterminant/adj/art. après une empoignade au sujet race appaloosa/ robe appaloosa/ appaloosa/ Appaloosa. Les fondus de génétique équestre sont aussi givrés que les instits, c'est pas peu dire! Les diptères ont intérêt a sauver leurs fesses!

_________________

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nlm76

nlm76
Maître du monde aussi

Mufab a écrit:
nlm76 a écrit:

Quant à ce que vous affirmez sur le latin, c'est absolument n'importe quoi. Le latin a toujours été une langue orale !!! Toute langue se donne les moyens de communiquer clairement. Autrement dit, d'une certaine façon, communiquer et signifier c'est tout un.

Ben faudra le dire à mes anciens profs de philologie.
Parce que tant que le latin était écrit, il est resté relativement figé (autant en tout cas qu'une langue écrite peut l'être. Le français est actuellement très figé, malgré quelques nouveautés issues de l'usage - donc de l'oral, désolée).
C'est à partir du moment où le latin est devenu exclusivement oral que sont apparus les déterminants, et qu'il a subi les transformations que l'on sait. C'est vrai ou c'est faux, ça ? 

Et sinon, quand ?
Et pourquoi ?
Le latin, a toujours été à la fois oral et écrit. Même aujourd'hui, alors qu'il n'est, en pratique, plus une langue de conversation, il l'est toujours. Les textes écrits sont oralisés. Mais considérons que "oral" signifie "de conversation courante". A l'époque de Cicéron, le latin n'était pas qu'une langue écrite, et le latin écrit était un reflet ­— et non certes une exacte reproduction — du latin parlé. Dès l'époque classique, dans la version courante, et plus encore dans sa version "relâchée", le latin utilise beaucoup les démonstratifs qui donneront naissance à nos articles, et l'ordre des mots est en quelque sorte plus contraint que dans sa version orale.
Ainsi la phrase "C'est à partir du moment où le latin est devenu exclusivement oral que sont apparus les déterminants, et qu'il a subi les transformations que l'on sait" ne tient pas, au sens où le latin n'est pas devenu exclusivement oral. En revanche, peu à peu, les fonctions (qui ne sont pas seulement syntaxiques mais aussi sémantiques) ne sont plus données par les désinences (qui sont devenus assez indistinctes au plan phonétique) mais par d'autres outils, tels qu'un certain ordonnancement des mots, et même l'article (pour ce qui est des démonstratifs, possessifs et autres indéfinis, ils ne constituent en rien une nouveauté française).

Donc : les adjectifs déterminatifs sont apparus... de toute éternité. En tout cas, nous ne connaissons pas d'état du latin ou du français où ils n'auraient pas existé. Les articles apparaissent progressivement entre le IIIe siècle avant Jésus-Christ, au moins, (Plaute), et la langue classique du XVIIe, où ils ont pris l'extension que l'on connaît. Une rupture importante a lieu autour de 800, avec la renaissance carolingienne, quand Charlemagne réclame qu'on revienne, dans les chancelleries en particulier, à un latin plus "pur", c'est-à-dire plus classique, de sorte qu'alors la langue écrite et parlée des hommes de pouvoir et de culture (qui revient en quelque sorte en arrière de quelques siècles) s'éloigne considérablement de celle du peuple. On avait jusque-là des écarts "sociolinguistiques" à l'intérieur d'une même langue, puisque les évolutions de la langue vulgaire et de la langue cultivée étaient parallèles. C'est de ce temps-là qu'on peut dater la séparation entre les deux langues. Le français ensuite connaît sa seconde naissance, son baptême, avec sa mise par écrit, avec des règles nouvelles et différentes de celles du latin, entre le IXe et le XIe siècle (serments de Strasbourg, vies de saints, etc.)

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:
Mufab a écrit:
nlm76 a écrit:

Quant à ce que vous affirmez sur le latin, c'est absolument n'importe quoi. Le latin a toujours été une langue orale !!! Toute langue se donne les moyens de communiquer clairement. Autrement dit, d'une certaine façon, communiquer et signifier c'est tout un.

Ben faudra le dire à mes anciens profs de philologie.
Parce que tant que le latin était écrit, il est resté relativement figé (autant en tout cas qu'une langue écrite peut l'être. Le français est actuellement très figé, malgré quelques nouveautés issues de l'usage - donc de l'oral, désolée).
C'est à partir du moment où le latin est devenu exclusivement oral que sont apparus les déterminants, et qu'il a subi les transformations que l'on sait. C'est vrai ou c'est faux, ça ? 

Et sinon, quand ?
Et pourquoi ?
Le latin, a toujours été à la fois oral et écrit. Même aujourd'hui, alors qu'il n'est, en pratique, plus une langue de conversation, il l'est toujours. Les textes écrits sont oralisés. Mais considérons que "oral" signifie "de conversation courante". A l'époque de Cicéron, le latin n'était pas qu'une langue écrite, et le latin écrit était un reflet ­— et non certes une exacte reproduction — du latin parlé. Dès l'époque classique, dans la version courante, et plus encore dans sa version "relâchée", le latin utilise beaucoup les démonstratifs qui donneront naissance à nos articles, et l'ordre des mots est en quelque sorte plus contraint que dans sa version orale.
Ainsi la phrase "C'est à partir du moment où le latin est devenu exclusivement oral que sont apparus les déterminants, et qu'il a subi les transformations que l'on sait" ne tient pas, au sens où le latin n'est pas devenu exclusivement oral. En revanche, peu à peu, les fonctions (qui ne sont pas seulement syntaxiques mais aussi sémantiques) ne sont plus données par les désinences (qui sont devenus assez indistinctes au plan phonétique) mais par d'autres outils, tels qu'un certain ordonnancement des mots, et même l'article (pour ce qui est des démonstratifs, possessifs et autres indéfinis, ils ne constituent en rien une nouveauté française).

Enfin, quand même... Reconnaissons qu'ils ont proliféré, certains sont apparus, se sont spécialisés, à tel point qu'on a du mal aujourd'hui à s'en passer (si, si, j'vous jure) en même temps que la transformation du latin classique !

Essayons de repérer les déterminants dans cette phrase de Pline, puis dans sa traduction.
Pareo,       collega carissime, et infirmitati oculorum,     ut jubes, consulo. 
Je vous obéis, mon très cher collègue, et je prends des précautions pour la fatigue de mes yeux, comme vous le voulez. 

Il me semble quand même difficile de nier l'évidence, à savoir la prolifération des déterminants, qui, je maintiens, même à tort, sont apparus quand la langue privilégiée s'est calquée sur l'oral, sur l'usage, après une longue période de non écriture systématique.

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

Mufab a écrit:Bon, je crois qu'il est temps de faire un petit bilan du débat :
- d'un côté les partisans d'une grande classe de mots-outils, ayant trois traits (au moins) en commun : se trouver devant un nom (= introduire un nom en discours); placer ce nom dans une plus ou moins grande actualité du point de vue des énonciateurs; ne détenir aucun sème propre, hormis la quantité, plus ou moins vague, mais créer du lien - pour le possessif uniquement - entre les objets du discours.

- de l'autre, les partisans de sous-classes hermétiques parmi les déterminants, avec certains qui seraient du côté des articles, et les autres du côté des adjectifs. On aurait donc une immense classe d'adjectifs, allant du mot "ce" au mot "terrible"... sachant qu'ils n'ont pas grand-chose en commun, mis à part peut-être leur faculté à intégrer un groupe nominal.

J'aimerais vraiment connaître les critères qui permettent d'en ranger certains du côté des adjectifs, et d'isoler les articles comme s'ils n'avaient pas assez en commun avec eux.
J'aimerais vraiment que vous répondiez* à cela, afin de ne pas nous enferrer dans des débats sur l'histoire de la langue qui finalement affectent peu la légitimité de cette classe dans notre langue actuelle.
(* je serai capable de comprendre, je crois. En tout cas, j'ai passé le stade où les vérités venues d'en haut, sans justification, me suffisent. En vrai, je me trompe sans doute, mais j'aimerais vraiment que les profs de Lettres cessent de nous regarder comme des incultes en matière linguistique. Parce que jamais je n'enseignerais correctement - et mes collègues pas plus que moi-  quelque chose que  je n'ai pas compris, intimement. Or, cette appartenance des possessifs et des démonstratifs à la classe des adjectifs me dépasse au plus haut point. Je comprends bien qu'il fait partie d'une certaine tradition grammaticale issue de Port Royal. Mais je n'ai pas envie de l'admettre et de l'enseigner sans autre argument que l'autorité, alors qu'une autre voie me satisfait.)

(J'ajoute que les partisans des déterminants comme méga-classe ont un autre objectif, pédagogique celui-ci, assez clair : éviter chez leurs jeunes élèves un trop plein de métalangage qui pourrait les conduire à se désintéresser de la grammaire, trop complexe, simple étiquetage...)

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nlm76

nlm76
Maître du monde aussi

"Que les profs de lettres cessent de nous regarder comme des incultes en matière linguistique"...
Comment dire ? pfff...
Ça n'a rien à voir avec le statut de quiconque. Justement, le point de vue d'en haut, c'est le vôtre; c'est le point de vue dominant à l'université et chez les professeurs de Lettres aujourd'hui. Et jamais je n'ai utilisé le moindre argument d'autorité. En tout cas, c'est ce qu'il me semble. Si je m'abuse sur ce point, n'hésitez pas à me rappeler à l'ordre.
Mon statut d'agrégé de grammaire me permet juste d'éviter d'être traité d'imbécile ignorant des dernières "avancées de la science" comme je l'étais quand j'étais un simple certifié.

Cela dit, je ne suis pas "partisan de sous-classes hermétiques", puisque je sais bien que les articles constituent une espèce d'adjectif, et même d'adjectif déterminatif, très particulière.

Pardonnez-moi de ne pas répondre au reste de ce que vous avancez : j'ai le sentiment de l'avoir déjà fait. En revanche, permettez-moi de réitérer la question que j'osai naguère. Il me semble entrevoir dans vos propos quant à votre pratique des arguments pour me donner raison. En effet, si je défends cette approche actuellement, c'est parce qu'elle me paraît à la fois solide théoriquement et efficace au plan pédagogique. Et si elle me paraît efficace au plan pédagogique, c'est que j'ai essayé les deux approches moi-même, au collège. C'est surtout que ce qu'ont rapporté les instituteurs du Grip à propos de leur pratique ont conforté cette conviction. Akwabon, je me trompe ?
En effet, vous dites enseigner les déterminants de façon globale et parvenir très difficilement à enseigner la différence ces/ses à vos élèves. Eh bien pour moi, il y a là une cause et une conséquence (qui ne remettent aucunement en cause vos qualités d'institutrice, évidemment.)

http://lettresclassiques.fr

Akwabon DC

Akwabon DC
Maîtresse du monde en sous-chef

nlm76 a écrit:Pardonnez-moi de ne pas répondre au reste de ce que vous avancez : j'ai le sentiment de l'avoir déjà fait. En revanche, permettez-moi de réitérer la question que j'osai naguère. Il me semble entrevoir dans vos propos quant à votre pratique des arguments pour me donner raison. En effet, si je défends cette approche actuellement, c'est parce qu'elle me paraît à la fois solide théoriquement et efficace au plan pédagogique. Et si elle me paraît efficace au plan pédagogique, c'est que j'ai essayé les deux approches moi-même, au collège. C'est surtout que ce qu'ont rapporté les instituteurs du Grip à propos de leur pratique ont conforté cette conviction. Akwabon, je me trompe ?
En effet, vous dites enseigner les déterminants de façon globale et parvenir très difficilement à enseigner la différence ces/ses à vos élèves. Eh bien pour moi, il y a là une cause et une conséquence (qui ne remettent aucunement en cause vos qualités d'institutrice, évidemment.)

J'ai utilisé les deux approches moi-même, à l'école élémentaire, entre les années 1975 et 2006 (déterminants) puis 2006 à 2014 (chaque groupe après l'autre).
En effet, c'est avec cette deuxième approche que les acquisitions m'ont semblé être plus solides et mieux "assises". Et quand les élèves arrivent au CM2, ma collègue fait rassembler articles et adjectifs déterminatifs en un seul grand groupe qu'elle nomme le "groupe des déterminants" afin que les élèves se repèrent au collège.

Pas de difficultés particulière au CE2 pour faire distinguer ses de ces, qui sont appris successivement, lors de la leçon sur les adjectifs possessifs puis lors de celle sur les adjectifs démonstratifs.

Je ne pense pas convaincre Mufab néanmoins et je lui demande de bien vouloir m'excuser d'avoir l'air d'insister. Je n'ai fait que répondre à nlm76 qui me demandait mon impression.

http://doublecasquette3.eklablog.com/

Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

nlm76 a écrit:
En effet, vous dites enseigner les déterminants de façon globale et parvenir très difficilement à enseigner la différence ces/ses à vos élèves. Eh bien pour moi, il y a là une cause et une conséquence (qui ne remettent aucunement en cause vos qualités d'institutrice, évidemment.)
Merci. De ce côté-là, ça va.

Et que voulez-vous que je vous dise ? Enseignez ce que vous voulez, et j'enseignerai de mon côté ce que je veux aussi. En tout cas je refuserai - et je l'ai déjà dit aussi - d'enseigner ce que je ne conçois pas, et que vous refusez d'expliquer, ou de réexpliquer.
La grammaire qui sert juste à maîtriser un métalangage abscons fait d'adjectifs déterminatifs ou de déterminants qualificatifs, et qui rejette aux calendes une vraie réflexion sur la langue, ne m'intéresse pas, n'intéresse pas. Les élèves, tout comme moi, se dépêchent d'oublier tout ça, qu'ils ne comprennent pas, et tous les ans, vous constatez qu'ils ne reconnaissent plus un adjectif d'un adverbe. C'est qu'il y a un problème, non ?
Mais continuons de les noyer sous les termes et les sous-termes, dès le ce1, à décrire la phrase comme un collier de perles, et ça ne risque guère de changer.



Dernière édition par Mufab le Ven 6 Fév - 20:57, édité 1 fois

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Mufab

Mufab
Maîtresse du monde aussi

Akwabon DC a écrit:
nlm76 a écrit:Pardonnez-moi de ne pas répondre au reste de ce que vous avancez : j'ai le sentiment de l'avoir déjà fait. En revanche, permettez-moi de réitérer la question que j'osai naguère. Il me semble entrevoir dans vos propos quant à votre pratique des arguments pour me donner raison. En effet, si je défends cette approche actuellement, c'est parce qu'elle me paraît à la fois solide théoriquement et efficace au plan pédagogique. Et si elle me paraît efficace au plan pédagogique, c'est que j'ai essayé les deux approches moi-même, au collège. C'est surtout que ce qu'ont rapporté les instituteurs du Grip à propos de leur pratique ont conforté cette conviction. Akwabon, je me trompe ?
En effet, vous dites enseigner les déterminants de façon globale et parvenir très difficilement à enseigner la différence ces/ses à vos élèves. Eh bien pour moi, il y a là une cause et une conséquence (qui ne remettent aucunement en cause vos qualités d'institutrice, évidemment.)

J'ai utilisé les deux approches moi-même, à l'école élémentaire, entre les années 1975 et 2006 (déterminants) puis 2006 à 2014 (chaque groupe après l'autre).
En effet, c'est avec cette deuxième approche que les acquisitions m'ont semblé être plus solides et mieux "assises". Et quand les élèves arrivent au CM2, ma collègue fait rassembler articles et adjectifs déterminatifs en un seul grand groupe qu'elle nomme le "groupe des déterminants" afin que les élèves se repèrent au collège.

Pas de difficultés particulière au CE2 pour faire distinguer ses de ces, qui sont appris successivement, lors de la leçon sur les adjectifs possessifs puis lors de celle sur les adjectifs démonstratifs.

Je ne pense pas convaincre Mufab néanmoins et je lui demande de bien vouloir m'excuser d'avoir l'air d'insister. Je n'ai fait que répondre à nlm76 qui me demandait mon impression.
Non, non, je reste sur mes déterminants. C'est tellement évident.
Et sinon, je crois que j'ai dit ce que j'avais à dire dessus, maintenant vous pouvez développer longuement vos points de vue (et surtout me dire en quoi "le" se distingue suffisamment de "ce"pour en faire deux classes distinctes, et en quoi "ce" ressemble à "grand" pour appartenir à la classe des adjectifs, et ce sera parfait.)
Apparemment nlm a déjà répondu, mais j'ai pas comprendu tout.

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Akwabon DC

Akwabon DC
Maîtresse du monde en sous-chef

Pour moi, c'est bon, il y a longtemps que j'ai tout dit.

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Rikki

Rikki
Maîtresse du monde en sous-chef

Moi, je n'ai toujours pas tout compris.

Instinctivement, j'ai tendance à penser que Mufab a raison, parce que sa manière de catégoriser me parle plus. Mais je ne comprends pas la moitié des mots qu'elle utilise, parce que je n'ai jamais fait de linguistique.

Ce qui m'embête beaucoup, par contre, c'est de préconiser d'utiliser un vocabulaire qui n'est pas celui des programmes. Du coup, pour les gosses, je trouve que ça crée de la confusion. Je suis à fond pour le principe de programmes nationaux qui permettent justement de tous utiliser plus ou moins le même vocabulaire.

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Tinsel

Tinsel
Maîtresse du monde aussi

Je viens de tomber là dessus, j'ai pensez à vous!!! Moi qui n'ai aucun avis sur la question, qu'ne pensez vous?
Les déterminants : rouvrons le débat ! - Page 6 Determinants

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