Assises de la maternelle

Ah ça, c'est la vieille querelle. Mon papa, de l'ENS Saint Cloud, et ma maman, de celle de Fontenay, se sentaient déjà des "petits" à côté des prestigieuses écoles de la Rue d'Ulm ou de Sèvres...

Bah, ce n'était qu'une blague. On va bien voir ce que ça donne lundi. Heureusement, et je ne pensais pas dire ça, son action est contre-balancée par Le Bouhris, conseillère sociale, ancienne proviseur, ancienne du Se-Unsa mais beaucoup plus valable.

ronin a écrit:Je ne sais pas, ne te vexe pas ami du Chnord !

Loin de moi cette idée !  

j'ai des amis normaliens, parisiens, rue d'Ulm. Donc, pour eux, l'ENS Lyon c'est pas sérieux ou c'est pas vraiment normale sup, que sais-je, d'où ma petite blague pour dire que ceci expliquait cela...

Je vous remercie de prendre la peine d'expliquer. Il est vrai que la concurrence sauvage qui sévit entre les ENS ne fait pas vraiment partie de mes centres d'intérêt.  

C'est surtout une idéologue hors-sol, comme on en trouve plein dans les cabinets.

M'sieur, moi M'sieur... J'peux tirer les chasses ?!

NB : J'ai déjà fait mieux dans le subtil et le sophistiqué mais bon...

Bon, d'après les dernières infos, on est plus dans l'idée de faire une école obligatoire à 3 ans.

ronin a écrit:Bon, d'après les dernières infos, on est plus dans l'idée de faire une école obligatoire à 3 ans.

Eh beh ! Quel scoop ! Il va y en avoir encore des prises de bec et des prises de bec sur l'obligation scolaire au dortoir...

Enfin, au moins, ça garantit contre les jardins d'éveil municipaux et les crèches d'entreprise... à moins que, pour les 3 à 5 ans, ce soit la solution des ATSEM qui soit envisagée.

Non, de ce qui nous est vendu, c'est bien une école, donc avec des PE en classe mais la possibilité que les Atsem fassent un peu plus de choses mais toujours sous la houlette des PE. Maintenant, ce sont les premiers coups de sonde, on reste très prudents avant d'en savoir plus. La semaine prochaine je suis aux assises de la maternelle, ils vont continuer à sonder, rien n'est encore fait.

ronin a écrit: ils vont continuer à sonder, rien n'est encore fait.

C'est bien ça, l'école maternelle obligatoire, non ? Il existe des arguments contre, de quel ordre ?

Oula, j'essaye de développer quand j'ai cinq minutes mais c'est plus complexe qu'il n'y paraît.

Dhaiphi a écrit:

ronin a écrit: ils vont continuer à sonder, rien n'est encore fait.

C'est bien ça, l'école maternelle obligatoire, non ? Il existe des arguments contre, de quel ordre ?

Ce serait bien, si c'était une obligation pour l'État de fournir des postes de PE en maternelle correspondant aux besoins et pour les collectivités locales de fournir des locaux fonctionnels et du personnel d'accompagnement (ATSEM) pour que ces postes puissent être mis en place partout où le besoin s'en fait sentir.

Ce qui est moins bien, selon moi, c'est ce forcing à la scolarisation que les familles rencontrent dans certaines écoles, de la part de certains collègues (et IEN) : interdiction de rester à la maison l'après-midi pour faire la sieste, même si on dort trois heures ; réveil à heure fixe pour « ne pas prendre de retard » dans les programmes ; travail à rattraper, y compris à la maison, en cas d'absences ; radiation de l'enfant si fréquentation irrégulière...

J'entends bien le problème posé par le côté trop contraignant pour des tout petiots. D'un autre côté, ce ne doit pas être simple de mener des apprentissages avec des élèves qui viennent... ou pas.

C'est-à-dire qu'un apprentissage, en maternelle, ça s'entend sur la durée, et en étoile... Surtout en PS et MS. Le linéaire, séance après séance, ça ne se met en place que progressivement, en GS.

Un absentéisme trop important peut gêner, c'est sûr. Mais pas une absence tous les après-midis en PS ou une sieste un peu trop longue de temps en temps en MS.

Je comprends. Le problème est donc que le terme "obligatoire" ne permet pas ce genre d’accommodation dans l'état actuel de la législation.

Dhaiphi a écrit:Je comprends. Le problème est donc que le terme "obligatoire" ne permet pas ce genre d’accommodation dans l'état actuel de la législation.

Exactement. Je n'arrive pas à voir en quoi l'obligation scolaire à partir de trois ans serait un plus pour l'école maternelle. J'ai même peur qu'elle provoque un tollé chez les professionnels de santé ou chez les familles et qu'alors, on s'empresse de la retarder à 4 ou même 5 ans, obtenant ainsi ce qu'on cherchait à faire passer sans le dire.
Je rappelle que Peillon aussi voulait cette obligation scolaire. Et que Ségolène Royal l'avait placée dans son programme de campagne.

On a fait une analyse pour/contre, pour chercher où était le piège. On a trouvé plus de positif que de négatif, sachant que l'on aimerait bien que l'obligation pour les PS ne soit que le matin et que, si des familles peuvent/veulent garder un 3 ans l'après-midi ce soit possible. L'obligation symboliserait que la maternelle est une véritable école, y compris envers les collègues/parents/IEN qui ne la prennent pas au sérieux. C'est tout sauf un détail. Le tout, sans que ce soit les mairies qui commandent, ni les Atsem qui remplacent les PE. L'idée c'est aussi qu'il y ait plus de continuité et qu'en cas d'absentéisme, ce ne soit pas les PE qui soient blâmés (comme le font certains IEN) mais que l'on puisse renvoyer les parents à leur responsabilité.

Dans les risques qui nous paraissent bien réels, les problématiques d'inclusion, la formation toujours aussi merdique, ceux qui pensent que l'Etat veut embrigader les enfants et les formater. Moi je suis sur la ligne de Condorcet, et c'est bien ça que l'on cherche à défendre. Par ailleurs, on fait passer le message que la maternelle est une vraie école avec des apprentissages spécifiques à cette tranche d'âge et pas uniquement une préparation au CP. C'est le risque d'un projet comme celui des libéraux (genre Fillon) qu'ils veulent de l'obligation à 5 ans uniquement comme propédeutique au CP et avant 5 ans, un jardin d'enfants à pas cher payé par les collectivités locales et les familles.

ronin a écrit:Dans les risques qui nous paraissent bien réels, les problématiques d'inclusion, la formation toujours aussi merdique, ceux qui pensent que l'Etat veut embrigader les enfants et les formater. Moi je suis sur la ligne de Condorcet, et c'est bien ça que l'on cherche à défendre.

Condorcet fut un élève malheureux à l'école des Jésuites. Doit-on en déduire que de son enfance vinrent les principes fondateurs de ces mémoires sur l'instruction publique, en particulier l'opposition entre instruction et éducation, le catéchisme républicain.

Par ailleurs, on fait passer le message que la maternelle est une vraie école avec des apprentissages spécifiques à cette tranche d'âge et pas uniquement une préparation au CP.  

Il est donc bon qu'elle soit fréquentée "régulièrement" avec toutes les réserves qu'a évoquées Akwabon. Pourrait être envisagée une fréquentation régulière en mettant en place une obligation "aménagée" comme vous la décrivez (matins uniquement).
Jusqu'à maintenant, les direct.eurs.rices   ne pouvaient demander un engagement que de manière informelle en forme de souhait.

Dhaiphi a écrit:
Jusqu'à maintenant, les direct.eurs.rices   ne pouvaient demander un engagement que de manière informelle en forme de souhait.

Pas partout... pas partout... Déjà quand je pouvais intervenir sur EDP, à Marseille, les directeurices (oui, je préfère ça au point médian) radiaient les enfants qui manquaient l'après-midi sous prétexte qu'ils volaient la place d'autres enfants qui, eux, seraient venus toute la journée.
Et les IEN les soutenaient.
La phrase "obligation de fréquentation scolaire régulière" a été traduite en de nombreux endroits par "scolarité obligatoire" et signalement à l'IEN des contrevenants.

Effectivement, beaucoup de sujets sont évoqués :
Le nombre de places disponibles pour l'accueil de tous est clairement insuffisant, à partir de là on gère la pénurie grâce à un tri sauvage sans fondement légal.
Il ne ferait pas bon non plus que des collègues n'est pas à se colleter à un effectif pléthorique de la première à la dernière minute de leur journée.
Il n'est pas certain non plus que les parents des petiots présents, contre vents et marées, soient plus soucieux de l'avenir scolaire de leur progéniture que ceux qui leur permettent une sieste réparatrice à domicile.

Comme tous les médias ne bruissent que de ça, j'ai réédité l'article que j'avais écrit au printemps 2017, avant les élections présidentielles.

Trop petits pour être obligés...