Ceci fait suite aux discussions que nous avons eu autour des conférences de bidule truc (j'arrive pas à retrouver son nom) sur le langage en maternelle.
Edit : on me dit dans l'oreillette que
Donc ce matin j'ai décidé de lire aux enfants "le petit bonhomme de pain d'épice". C'est une version un peu "oralbum" c'est à dire que j'ai le texte entier au dos d'un très grand livre avec 6 ou 8 très grandes images en tout. Du coup j'en ai profité pour faire quelque ce que je ne faisais plus depuis mes débuts en maternelle : lire le texte sans les images. Je l'avais fait à mes débuts (conter ou lire des textes sans support visuel) puis y avais renoncé quand je m'étais aperçue que personne d'autre n'avait l'air de faire comme ça. En entendant le conférencier l'autre jour j'ai donc décidé de m'y remettre
Donc voilà, je leur raconte l'histoire (en m'arrêtant quand même à 2 ou 3 moments pour recadrer 2 agités et mettre à part une petite qui chouine très fort pour attirer l'attention) et puis c'est l'heure de la récréation donc je n'ai pas trop le temps de débriefer tout de suite.
En revenant de la récréation, c'est trop rapide pour le moment de langage, donc c'est d'abord écoute musicale, et le "debrief" n'a donc lieu qu'après la sieste et l'habillage de tout le monde, donc bien après.
Je n'ai quasiment pas besoin de poser de questions. En fait je leur dis que cet après-midi, j'avais promis de leur relire l'histoire mais en leur montrant les images... et là, tout de suite j'ai la moitié de la classe qui veut me parler de l'histoire en y allant chacun de leur "ah oui, c'est le ronar il a mangé le bonhomme là dans son ventre" "la vache elle a pas mangé le bonhomme épices" et donc je dois d'abord faire taire tout le monde en "rappelant les règles conversationnelles".
Je constate au passage que certains élèves que j'avais dû beaucoup rappeler à l'ordre, dont un totalement non francophone en septembre, avaient en fait très bien compris l'histoire d'après ce qu'ils me miment et me disent à ce moment-là.
Donc mon rôle à partir de ce moment consiste surtout à gérer la frustration de ceux qui n'ont pas la parole. Mais ça marche assez bien quand même parce qu'ils se répondent entre eux et se posent des questions "mais le bonhomme, pourquoi il a sauté par la fenêtre ?" alors là je demande à la classe "A votre avis, pourquoi a-t-il sauté par la fenêtre, le bonhomme de pain d'épices ?"
un petit répond "parce qu'il avait peur du renard"
-"tu crois ?" "est-ce qu'il était là le renard à ce moment là ? " "bidule, tu n'as pas parlé encore, tu sais de quoi il avait peur le bonhomme de pain d'épice ?"
... Donc moi j'interviens quand même, je valorise tous ceux qui parlent, je pose quelques questions tout de même, mais surtout je reformule ce que chaque élève dit... Parce que sinon ce que dit le PS de début d'année moyen, c'est inaudible et à moitié incompréhensible même pour un adulte. Donc en reformulant ça valorise ce que dit le PS, ça donne un modèle correct à la classe et je pense que les élèves ne le prennent pas pour une "critique dévalorisante" de ce qu'ils disent au contraire.
Je me vois mal laisser un PS marmonner "mamie il veut miam l'épice mais hop alépati loin" et simplement passer au suivant, j'ai toujours le réflexe de répondre "La vieille a voulu manger le bonhomme pain d'épice mais "hop", il est parti loin !, trucmuche, maintenant c'est toi qui as la parole"
donc je n'ai pas vraiment de structure "question-réponse-réponse-réponse"... en fait je n'ai pas vraiment de structure, et je ne suis pas dans le total non-interventionnisme en dehors du rappel des règles... mais oui je pense quand même que je laisse parler les élèves, qu'ils s'écoutent entre eux (il y en avait beaucoup qui se répondaient aujourd'hui) et qu'ils progressent chacun à leur niveau (du timide qui ne parle que quand je lui "donne" une parole qu'il ne réclame pas à celle qui ne fait que vouloir répéter mot pour mot ce que les autres ont dit à la miss-je-fais-tout-bien qui te raconte l'histoire façon fiche-résumé comme si elle avait fait ça toute sa vie.)
Mais bon, je ne sais pas si je fais bien (et une chose est sûre, ce n'est pas quantifiable ni évaluable, et je n'ai pas écrit de prep)
Edit : on me dit dans l'oreillette que
Zaubette a écrit: le monsieur qui nous fait ainsi bavarder autour du langage en maternelle s'appelle Pierre Péroz et qu'il a donné une passionnante conférence sur la pédagogie de l'écoute visible là :
http://www.cndp.fr/crdp-reims/ressources/conferences/peroz/peroz.htm
Donc ce matin j'ai décidé de lire aux enfants "le petit bonhomme de pain d'épice". C'est une version un peu "oralbum" c'est à dire que j'ai le texte entier au dos d'un très grand livre avec 6 ou 8 très grandes images en tout. Du coup j'en ai profité pour faire quelque ce que je ne faisais plus depuis mes débuts en maternelle : lire le texte sans les images. Je l'avais fait à mes débuts (conter ou lire des textes sans support visuel) puis y avais renoncé quand je m'étais aperçue que personne d'autre n'avait l'air de faire comme ça. En entendant le conférencier l'autre jour j'ai donc décidé de m'y remettre
Donc voilà, je leur raconte l'histoire (en m'arrêtant quand même à 2 ou 3 moments pour recadrer 2 agités et mettre à part une petite qui chouine très fort pour attirer l'attention) et puis c'est l'heure de la récréation donc je n'ai pas trop le temps de débriefer tout de suite.
En revenant de la récréation, c'est trop rapide pour le moment de langage, donc c'est d'abord écoute musicale, et le "debrief" n'a donc lieu qu'après la sieste et l'habillage de tout le monde, donc bien après.
Je n'ai quasiment pas besoin de poser de questions. En fait je leur dis que cet après-midi, j'avais promis de leur relire l'histoire mais en leur montrant les images... et là, tout de suite j'ai la moitié de la classe qui veut me parler de l'histoire en y allant chacun de leur "ah oui, c'est le ronar il a mangé le bonhomme là dans son ventre" "la vache elle a pas mangé le bonhomme épices" et donc je dois d'abord faire taire tout le monde en "rappelant les règles conversationnelles".
Je constate au passage que certains élèves que j'avais dû beaucoup rappeler à l'ordre, dont un totalement non francophone en septembre, avaient en fait très bien compris l'histoire d'après ce qu'ils me miment et me disent à ce moment-là.
Donc mon rôle à partir de ce moment consiste surtout à gérer la frustration de ceux qui n'ont pas la parole. Mais ça marche assez bien quand même parce qu'ils se répondent entre eux et se posent des questions "mais le bonhomme, pourquoi il a sauté par la fenêtre ?" alors là je demande à la classe "A votre avis, pourquoi a-t-il sauté par la fenêtre, le bonhomme de pain d'épices ?"
un petit répond "parce qu'il avait peur du renard"
-"tu crois ?" "est-ce qu'il était là le renard à ce moment là ? " "bidule, tu n'as pas parlé encore, tu sais de quoi il avait peur le bonhomme de pain d'épice ?"
... Donc moi j'interviens quand même, je valorise tous ceux qui parlent, je pose quelques questions tout de même, mais surtout je reformule ce que chaque élève dit... Parce que sinon ce que dit le PS de début d'année moyen, c'est inaudible et à moitié incompréhensible même pour un adulte. Donc en reformulant ça valorise ce que dit le PS, ça donne un modèle correct à la classe et je pense que les élèves ne le prennent pas pour une "critique dévalorisante" de ce qu'ils disent au contraire.
Je me vois mal laisser un PS marmonner "mamie il veut miam l'épice mais hop alépati loin" et simplement passer au suivant, j'ai toujours le réflexe de répondre "La vieille a voulu manger le bonhomme pain d'épice mais "hop", il est parti loin !, trucmuche, maintenant c'est toi qui as la parole"
donc je n'ai pas vraiment de structure "question-réponse-réponse-réponse"... en fait je n'ai pas vraiment de structure, et je ne suis pas dans le total non-interventionnisme en dehors du rappel des règles... mais oui je pense quand même que je laisse parler les élèves, qu'ils s'écoutent entre eux (il y en avait beaucoup qui se répondaient aujourd'hui) et qu'ils progressent chacun à leur niveau (du timide qui ne parle que quand je lui "donne" une parole qu'il ne réclame pas à celle qui ne fait que vouloir répéter mot pour mot ce que les autres ont dit à la miss-je-fais-tout-bien qui te raconte l'histoire façon fiche-résumé comme si elle avait fait ça toute sa vie.)
Mais bon, je ne sais pas si je fais bien (et une chose est sûre, ce n'est pas quantifiable ni évaluable, et je n'ai pas écrit de prep)
Dernière édition par Phi le Lun 2 Nov - 22:23, édité 1 fois