Ma petite-fille, CM2, apprend Le Loup et l'Agneau, de l'illustre Jean de La Fontaine. Elle me récite ça, d'une voix assez neutre, montrant qu'elle a compris l'histoire mais pas plus.
Comme il y a quelques erreurs, je lui demande de la relire à voix haute et d'en profiter pour rendre la scène un peu plus vivante. Elle s'exécute volontiers et là... ô surprise... voilà qu'elle me fait voir l'Agneau sous un jour complètement nouveau !
Pour mieux comprendre sans le son, imaginez-vous dans la cour de récréation.
Vous voyez Agna qui, pas très loin de Loupa, semble lui envoyer des petites remarques assassines... Vous convoquez Agna et vous lui signalez que vous avez remarqué son manège. Et là, voilà Agna qui prend son petit ton revendicatif et vous explique, en d'autres termes plus actuels bien sûr :
« Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson. »
Là, bien sûr, vous insistez : « Enfin, Agna, ne me prends pas pour une bille. J'ai bien vu que tu asticotais Loupa... D'ailleurs, ça fait plusieurs jours que j'ai remarqué ton petit manège. »
Et la Agna, avec son plus bel air de pimbêche, de rétorquer (penser à traduire en français courant d'aujourd'hui, Detritus) :
« Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Je tète encor ma mère. » (ou j'étais malade et puis à la dernière récré, je jouais sur le stade avec les footeux)
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point. »
Tant et si bien qu'à la fin, j'en étais presque contente que le Loup le mange, ce p'tit con prétentieux !
Conclusion : Si la complexité neurologique de l'être humain n'a pas pu changer en si peu de temps, je reconnais que l'éducation aux droits de l'enfant, l'apprentissage patient de la gestion de leurs émotions dans le sens du « j'ai le droit parce que je le vaux bien » et l'habitude de négocier (ou même d'ergoter sans fin) pour obtenir ce qu'ils veulent quand ils veulent les amènent à revisiter Jean de La Fontaine d'une façon qui nous étonne, nous, les vieillards qui voyions dans l'Agneau une faible victime de la raison du plus fort...
Comme il y a quelques erreurs, je lui demande de la relire à voix haute et d'en profiter pour rendre la scène un peu plus vivante. Elle s'exécute volontiers et là... ô surprise... voilà qu'elle me fait voir l'Agneau sous un jour complètement nouveau !
Pour mieux comprendre sans le son, imaginez-vous dans la cour de récréation.
Vous voyez Agna qui, pas très loin de Loupa, semble lui envoyer des petites remarques assassines... Vous convoquez Agna et vous lui signalez que vous avez remarqué son manège. Et là, voilà Agna qui prend son petit ton revendicatif et vous explique, en d'autres termes plus actuels bien sûr :
« Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson. »
Là, bien sûr, vous insistez : « Enfin, Agna, ne me prends pas pour une bille. J'ai bien vu que tu asticotais Loupa... D'ailleurs, ça fait plusieurs jours que j'ai remarqué ton petit manège. »
Et la Agna, avec son plus bel air de pimbêche, de rétorquer (penser à traduire en français courant d'aujourd'hui, Detritus) :
« Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Je tète encor ma mère. » (ou j'étais malade et puis à la dernière récré, je jouais sur le stade avec les footeux)
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
– Je n’en ai point. »
Tant et si bien qu'à la fin, j'en étais presque contente que le Loup le mange, ce p'tit con prétentieux !
Conclusion : Si la complexité neurologique de l'être humain n'a pas pu changer en si peu de temps, je reconnais que l'éducation aux droits de l'enfant, l'apprentissage patient de la gestion de leurs émotions dans le sens du « j'ai le droit parce que je le vaux bien » et l'habitude de négocier (ou même d'ergoter sans fin) pour obtenir ce qu'ils veulent quand ils veulent les amènent à revisiter Jean de La Fontaine d'une façon qui nous étonne, nous, les vieillards qui voyions dans l'Agneau une faible victime de la raison du plus fort...