merci pour cet article. ce matin nous avions concertation, j'ai exactement ressenti tout ce que tu as écrit. Mais mes collègues ont joué le jeu, tout en étant aussi blasés ... nous sommes encore de bons petits soldats. Pour un truc qui va nous pourrir encore un peu plus la vie. J'ai fait ma "vieille c..." rappelant que mes bulletins ne comportaient que des appréciations écrites dans chaque matière mais que ma mère savait exactement en peu de mots où j'avais plus de mal, où j'avais été à l'aise. Comme le papa de Driffa , ma voisine kabyle. Le papa qui venait voir mon père parce que si il lisait le français, il avait un peu de mal avec les subtilités des formulaires administratifs mais qui comprenait très bien leurs bulletins scolaires.
Driffa et tous ses frères et soeurs qui ont fait de bonnes études , postbac et en savaient autant que moi, la petite fille d'immigrés italiens.... sans socle , avec des notations pas forcément "positives" .
Pas sûre du tout que ce papa s'y serait retrouvé dans les livrets actuels et aurait compris si sa fille "maitrisait la langue française" , "savait s'engager en collectivité dans des tâches complexes".
Aujourd'hui il y avait un conseil supérieur de l'éducation, sur l'évaluation . J'ai été lire le "livetweet" .... j'en suis ressortie déprimée de lire ce que réclament et proclament certains syndicats et association de parents. On va continuer de nous casser notre école et donc notre société.... et on sera rendu responsables, nous pauvres ouvriers de terrain.
Cette année j'ai une cohorte de CM1 qui correspond tout à fait à ce qu'on veut produire en masse : immatures, refusant tout effort, ne vivant que dans le jeu, piquant crises et bouderies à la moindre frustration, incapables de se taire , voulant avoir le dernier mot sur l'adulte. Je suis au bord du craquage tant je manque de prise sur eux... et voilà qu'en plus je ne serais pas assez valorisante? positive? capable de leur permettre de s'épanouir.
Je n'ai que 4 ans de carrière et une forte envie de jeter l'éponge là maintenant tout de suite, avant que cela ne devienne le quotidien.
Et en me désolant en pensant que ces enfants, devenus adultes seront au choix très malheureux ou des "bombes sociales" car la vie hélas, ne leur épargnera pas les frustrations et ne sera sûrement aussi positive et valorisante qu'on le demande à l'école.
(pas grave mon chéri, le patron t'as viré parce que tu jouais sur Facebook au lieu de bosser, mais c'est juste parce qu'il n'a pas compris que tu étais sous pression parce qu'il t'a demandé d'écrire une lettre à ton client)