C'est marrant que tu aies eu des cartes à dessiner. Je ne me rappelle pas en avoir dessiné une seule pendant tout mon primaire ; et au CES, comme c'était avec du papier calque, je n'ai pas trop souffert, sauf peut-être une fois ou deux de m'être débrouillée pour coller l'est à gauche et l'ouest à droite, ce qui m'a un peu compliqué la tâche pour placer les lieux, cours d'eau et montagnes sur ce truc qui ne collait pas, mais alors pas du tout !
Quels que soient les repères que les enfants prennent pour acquérir des connaissances, l'important, c'est qu'ils sachent. Je connais un jeune homme qui nous répondait systématiquement quand il nous étonnait par sa culture que c'était parce qu'il l'avait lu dans Mickey Parade... Nous aurions préféré qu'il nous dise qu'il l'avait appris à l'école en telle ou telle matière.
La richesse du métier d'instit, ou de PE comme on veut puisque c'est ou cela devrait être le même, c'est justement de pouvoir, par sa polyvalence, permettre à la petite Rikki de se servir du littéraire pour mémoriser du scientifique et à la petite Vudici de faire le contraire.
J'ai appris les tables de multiplication une fois qu'on m'en a appris la musique, je me lisais à voix haute les solutions des problèmes de physique des annales du Bac pour être capable d'en garder quelque résonance dans le cerveau le jour de l'épreuve, je n'ai toujours que des "bouts de carte" qui ne se relient pas entre eux dans le cerveau mais, à l'école, j'y croyais et je me persuadais que, tout ça, si on nous l'apprenait, c'est que c'était important de le savoir même si, d'un autre côté, j'étais toujours en conflit (intérieur) avec mes instits et profs quant aux méthodes qu'ils employaient pour nous transmettre tous ces contenus et nous rendre capables de les utiliser.
Nos instits étaient capables de nous dire, pendant le cours de gym, que là, la figure que nous formions ressemblait au delta du Rhône en Camargue et que nous faisions de magnifiques flamants roses ou pendant le cours d'histoire de nous faire calculer le pourcentage de gain que Louis IX avait réalisé lorsqu'il avait rogné les pièces d'or de tant de je ne sais plus quelle unité de mesure de l'époque. Tout comme ils étaient capables d'écrire sans fautes d'orthographe, ou presque, sans fatigue, même quand ils écrivaient à leurs amis ou à leur percepteur.
C'était ce qui faisait la richesse de l'école primaire et permettait aux élèves, quel que soit le milieu d'origine de leurs parents, de s'en sortir au collège d'enseignement secondaire, au collège d'enseignement général ou au collège d'enseignement agricole, ce qui faisait qu'adultes, ils votaient, s'intéressaient à l'actualité, même avec de petits moyens, parce que leurs repères le leur permettaient, ce qui faisait que, même très âgés, ils continuaient à s'intéresser à la vie de leur cité, à vouloir transmettre aux plus jeunes leurs savoirs, à participer au monde associatif et à vouloir découvrir le monde (voir le nombre de cars de vieux dans les lieux à visiter !)...
On cherche de plus en plus à nous faire croire qu'il s'agit d'affaires de "spécialistes" sur lesquelles le bon peuple n'aurait aucune prise et nous, les instits, nous serons vaincus et bons à jeter à la poubelle de l'histoire si nous cédons là-dessus en disant qu'en effet, il vaudrait mieux un répétiteur de tablettes, en classe, plus une foultitude d'animateurs en sport, en musique, en arts visuels et même pourquoi pas en sciences, histoire et géographie qui, par le ludique et les compétitions ne mettant en jeu que des connaissances monnayables au Jeu des 1000 Euros ou au Trivial Pursuit (des dates, des préfectures, des altitudes, ...), sans compter bien sûr une bonne simplification de l'orthographe parce que les ordinateurs, c'est totalement nul en grammaire et en compréhension de texte...