Histoire de la pédagogie

Depuis que je fais ma pub sur Facebook, pour vendre ma soupe et tout et tout, j'y croise des drôles de zozos. Ce soir, c'est un Freinetiste frénésique qui me soutient mordicus que les manuels d'apprentissage de la lecture sont responsables de tous les maux de la Terre, d'une part, et d'autre part qu'ils ne méritent même pas le nom de livres !

Ca m'étonne un peu...

D'autre part, la fameuse Mâme Alvarez, dont au sujet de laquelle qu'on a déjà causé moult fois, se réclame, si j'ai bien suivi, de la méthode Montessori.

Or, il est grand temps que j'avoue mon ignorance : si j'ai lu, il y a de cela fort longtemps, un ouvrage de Mme Montessori ; si j'ai également lu, ici ou là, la prose de ses disciples des temps modernes ; si j'ai par ailleurs  eu entre les mains divers supports de l'Ecole moderne, et que je sais que Mâme Akwabon, ici présente, se réclame de Freinet, je n'ai en fait pas les connaissances historiques nécessaires à une appréhension sérieuse des enjeux.

Y a-t-il, parmi vous, des personnes plus cultivées qui pourraient mettre fin à mon ignorance ? Je suis prête à investir dans des ouvrages, si on me guide gentiment et que ça n'est pas trop compliqué...

Je peux te prêter mon exemplaire (collector) de L'école moderne française, Guide pratique pour l'organisation matérielle, technique et pédagogique de l'École Populaire, édition 1957, si tu veux...
J'ai aussi La méthode naturelle, L'apprentissage du dessin et La méthode naturelle, L'apprentissage de la langue mais j'ai perdu le troisième tome, consacré à l'apprentissage de l'écriture.
Je ne pense pas que tu les trouveras dans le commerce parce que nos gentils collègues de l'ICEM n'ont pas fait rééditer ces vieilleries où certes Freinet clame son horreur des manuels scolaires, mais où il fait preuve aussi du niveau qu'atteignaient ses élèves de maternelle (ils lisaient en GS), de primaire et de primaire supérieur (l'équivalent du collège actuel). Ce qui est gênant...
Je crois que l'ICEM actuel est plus proche du Freinet de la fin de sa vie ou même de la mouvance "l'école selon Françoise Dolto" où ce qui importe, c'est le côté "expression individuelle d'un plaisir immédiat" post soixante-huitard, que celui plus stakhanoviste et collectiviste du Freinet des années 1920 à 1965...

Et puis, j'ai le Tome 1 de La maison des enfants, naissance d'une pédagogie scientifique, de Montessori.
Et alors là, j'aimerais beaucoup que tu le lises et que tu me dises comment tu expliques que cette pédagogie, très dirigiste, totalement individualisée, et absolument pas créative, est parée actuellement chez tout le monde, mais ça a démarré chez les babas cools, suivis ensuite par les bobos, de toutes les vertus...
Parce que moi, à part le fait qu'elle remet à l'honneur l'apprentissage sensoriel et admet donc que, sensoriellement parlant, au début, l'enfant, c'est une montagne de possibilités, mais aucun acquis, et qu'il n'y a que par l'instruction, pratique et vivante, sans doute, mais l'instruction quand même, et très codifiée qui plus est, segment par segment, je ne vois pas...

Je vais chercher si je trouve ces bouquins d'occase qq part. Ca m'intéresse vraiment.

Et ce serait intéressant de savoir de quels manuels scolaires il clame son horreur, aussi ! Je ne veux pas trop emprunter des trucs collector, ça me stresse, j'ai peur de les perdre ou abîmer.

Rikki a écrit:Je vais chercher si je trouve ces bouquins d'occase qq part. Ca m'intéresse vraiment.

Et ce serait intéressant de savoir de quels manuels scolaires il clame son horreur, aussi ! Je ne veux pas trop emprunter des trucs collector, ça me stresse, j'ai peur de les perdre ou abîmer.

Je me rappelle d'une phrase où il critique les phrases de manuels de CP du type "Nini a nui à Noé". Il dit en rigolant que seule la décence a empêché les auteurs de parler des nénés de Nina...

Il critique leur chemin tout fait, leurs leçons interminables, leurs exercices volontairement piégeux, et propose aux collègues de découper les exercices et les problèmes qui restent dans le domaine de l'utile pour les coller sur des fiches cartonnées que les élèves pourront faire pour s'entraîner s'ils en ont besoin.
Après, les élèves ont un plan de travail qu'ils mettent au point le lundi matin et qu'ils terminent le samedi après-midi pour se mettre à jour et dans ce plan de travail, il y a une partie "exercices de français, exercices de calcul", ce qui fait que les manuels servent toujours en attendant que lo (nouvel article, neutre) maître(sse) se prépare ses propres fichiers d'entraînement.

Quant au truc "collector", il est tout moche, tout scotché sur la couverture, pas du tout précieux. Ce que je veux dire, c'est juste que j'y tiens (je l'ai piqué dans une école, il y a très, très longtemps, c'est prescrit comme délit). Mais je te le prêterai volontiers si tu ne le trouves pas d'occasion.

Pour l'instant, je n'ai pas trouvé, mais j'ai encore très peu cherché.

Ca m'intéresse, et ça m'intéresse aussi qu'on m'explique comment on en est venu à quelque chose d'aussi sectaire en partant de là.

Alors grâce à Akwa, j'ai pu lire les pages de Freinet consacrées à la maternelle.
Déjà, j'aime bien le début, il dit que Montessori c'est très bien mais trop formel et trop "faussement scientifique" ce qui est aussi mon impression (ce qui ne m'a pas empêchée de craquer sur plein de matos Montessori l'autre jour, mais c'était ça ou acheter compulsivement 3 kg de chocolat à la menthe)
Ensuite, il explique qu'on est foutus si on ne met pas en place un lieu de vie hyper "hameau de la reine" avec des petits animaux, des jardins, des lieux où on peut construire des cabanes,...
Donc ben moi je suis foutue.

Après y a tout un tas d'explications sur des modes de reprographies complétement dépassés.

Sinon il y a tout un truc qui ressemble vraiment beaucoup à ce que je fais pour le dessin libre et la dictée à l'adulte, ainsi que pour les affichages en classe. Quoi que si je suivais Freinet je devrais photocopier plein de travaux des élèves pour les afficher sur les murs je crois. Moi j'affiche directement les travaux avant de les donner.

Ensuite il insiste plus sur les élèves à partir de 4 ans de toutes façons. Mais il encourage beaucoup à laisser des outils (marteaux, tournevis, scie,... ) à disposition des élèves, d'abord pour des manipulations libres puis destinées à de "vrais" projets.

Il voudrait aussi que tous les élèves aient des plans de travail pour qu'ils ne soient pas "corvéables à merci" mais je pense que déjà c'est seulement à partir de 4 ans et ensuite ça s'applique dans le cas où on a l'environnement hyper super riche décrit dans la première partie je pense.

En fait j'ai l'impression que dans la pédagogie Montessori "pure" le gamin n'a pas besoin de plan de travail et bosse quand même parce que sinon, bah, il s'ennuie grave

Donc moi je me sens décidément beaucoup plus proche de Kergomard que des deux autres. Je suis encore plus ringarde, yes !!

Alors j'ai pensé que ça pouvait être bien de mettre ici les liens directs vers les textes "fondateurs" en ligne

Montessori (en anglais, si vous avez une VF je prends)

Kergomard (à lire absolument ! Et merci Spinoza ! )

J'ai une VF mais en livre... pas en fichier pdf.