Je ne vous ai pas raconté ma bataille pour faire redoubler Nounouillou, enfin, je ne crois pas. Hier, j'avais ma synthèse, et j'ai eu un débat assez épique avec les filles du réseau - en particulier la maîtresse G, qui est par ailleurs une fille super, la question n'est pas là.
Le problème de Nounouillou, c'est qu'il a appris à lire. C'est la faute à Bulle et à Borel-Maisonny : avec des méthodes aussi carrées, progressives et bien fichues, tu apprendrais à lire à un âne. Donc, nous voilà avec un Nounouillou qui sait lire. Oh, il ne comprend pas tout ce qu'il lit — il ne comprend pas non plus tout ce qu'on lui raconte, d'ailleurs —, il ne sait pas écrire, il ne sait pas vraiment compter, il ne sait pas la différence entre ajouter et enlever, il ne sait pas non plus rester assis sur une chaise 30 secondes, mais il sait lire, c'est un fait. Du coup, je me suis retrouvée face à l'affirmation suivante "On ne fait pas redoubler un enfant qui déchiffre en fin de CP". Argh. J'aurais pas dû avouer qu'il savait lire. Et en plus, si elle savait qu'il sait écrire "papa vafon lè gase", là, c'est sûr, il aurait les félicitations du jury. Sauf que je sais bien, moi, que Nounouillou est un gros bébé, qu'il a besoin de grandir, qu'il a besoin d'un deuxième CP pour comprendre un peu ce qui se passe à l'école, que ma collègue qui va reprendre mon CP saura le materner jusque ce qu'il faut et le secouer juste ce qu'il faut... et je sais bien qu'au CE1 il n'a aucune chance, aucune chance de passer à l'abstraction, aucune chance de choper l'implicite d'un texte, aucune chance de s'en sortir.
Alors, moi, je dis "c'est pas juste".
C'est pas juste que la société paye des études à mes gosses à moi, qui font bac + 5 aux frais du contribuable (bon, pas miss Rikki junior et son ESSEC, là, c'est moi qui banque, mais les deux autres, jusqu'à présent) et qu'elle n'ait pas les moyens de payer un deuxième CP à Nounouillou pour lui donner au moins une petite chance de s'en sortir.
C'est sûr de sûr qu'il sera noyé en CE1. Pas besoin d'évals pour ça, tout le monde le sait.
Alors, quand j'entends "C'est une question de cohérence, dans l'autre école du secteur, dès qu'ils savent déchiffrer un peu, ils passent", je crie "Oui, mais avec leurs conneries de Ribambelle, ils n'apprennent pas à lire, les gosses de pauvres, dans l'autre école, alors forcément, on ne peut pas tous les faire redoubler ! Moi, je demande UN redoublement. Un seul. J'ai fait un passage anticipé en cours d'année, ça fait une moyenne, non ?"
Bref, j'ai fini par avoir gain de cause grâce à l'accord écrit que j'avais demandé à la mère de ce petit. Donc, c'est une petite victoire qui fait du bien. Je quitte l'école en me disant que Nounouillou a une petite chance de s'en sortir. Et que je me suis bien battue.
Le problème de Nounouillou, c'est qu'il a appris à lire. C'est la faute à Bulle et à Borel-Maisonny : avec des méthodes aussi carrées, progressives et bien fichues, tu apprendrais à lire à un âne. Donc, nous voilà avec un Nounouillou qui sait lire. Oh, il ne comprend pas tout ce qu'il lit — il ne comprend pas non plus tout ce qu'on lui raconte, d'ailleurs —, il ne sait pas écrire, il ne sait pas vraiment compter, il ne sait pas la différence entre ajouter et enlever, il ne sait pas non plus rester assis sur une chaise 30 secondes, mais il sait lire, c'est un fait. Du coup, je me suis retrouvée face à l'affirmation suivante "On ne fait pas redoubler un enfant qui déchiffre en fin de CP". Argh. J'aurais pas dû avouer qu'il savait lire. Et en plus, si elle savait qu'il sait écrire "papa vafon lè gase", là, c'est sûr, il aurait les félicitations du jury. Sauf que je sais bien, moi, que Nounouillou est un gros bébé, qu'il a besoin de grandir, qu'il a besoin d'un deuxième CP pour comprendre un peu ce qui se passe à l'école, que ma collègue qui va reprendre mon CP saura le materner jusque ce qu'il faut et le secouer juste ce qu'il faut... et je sais bien qu'au CE1 il n'a aucune chance, aucune chance de passer à l'abstraction, aucune chance de choper l'implicite d'un texte, aucune chance de s'en sortir.
Alors, moi, je dis "c'est pas juste".
C'est pas juste que la société paye des études à mes gosses à moi, qui font bac + 5 aux frais du contribuable (bon, pas miss Rikki junior et son ESSEC, là, c'est moi qui banque, mais les deux autres, jusqu'à présent) et qu'elle n'ait pas les moyens de payer un deuxième CP à Nounouillou pour lui donner au moins une petite chance de s'en sortir.
C'est sûr de sûr qu'il sera noyé en CE1. Pas besoin d'évals pour ça, tout le monde le sait.
Alors, quand j'entends "C'est une question de cohérence, dans l'autre école du secteur, dès qu'ils savent déchiffrer un peu, ils passent", je crie "Oui, mais avec leurs conneries de Ribambelle, ils n'apprennent pas à lire, les gosses de pauvres, dans l'autre école, alors forcément, on ne peut pas tous les faire redoubler ! Moi, je demande UN redoublement. Un seul. J'ai fait un passage anticipé en cours d'année, ça fait une moyenne, non ?"
Bref, j'ai fini par avoir gain de cause grâce à l'accord écrit que j'avais demandé à la mère de ce petit. Donc, c'est une petite victoire qui fait du bien. Je quitte l'école en me disant que Nounouillou a une petite chance de s'en sortir. Et que je me suis bien battue.