Nos élèves sont mignons! (si si, j'vous jure!)

Oui c'est ce que je fais. 
Dans ma ville, je n'ai jamais rencontré d'instit ou de prof qui ne soit pas "en échec" (je veux dire, pas d'instit qui fasse réussir ses élèves), malgré tous nos efforts. 
Ceux qui quittent la ville et qui se retrouvent dans une autre témoignent qu'ils ne pratiquent pas le même métier.

Rikki a écrit:Pour moi, la manière dont les enfants lisent et écrivent, c'est le boulot de l'école, à 100 %, pour le coup.

La société, pour apprendre à lire et à écrire aux enfants, elle a créé l'école. C'est comme ça qu'elle s'en occupe. Et ce n'est pas normal que ça ne marche pas.

J'y ajoute aussi "parlent". Lorsqu'en 1881, on a créé l'école publique obligatoire, sur 75 % du territoire, les enfants qui y entraient parlaient des patois tirés du basque, de l'occitan, du provençal, du corse, du savoyard, du morvandiau, de l'alsacien, du lorrain, du chti, du picard, du breton, du gallo et j'en oublie certainement.
On y ajoute en ville, les Polonais, des Flamands, les Russes, les Espagnols, les Portugais, les Italiens, es Roumains, les Marocains, les Algériens, les Tunisiens, des "Indochinois", etc.
Leurs parents bossaient 12 h à 14 h par jour dans les usines et ne parlaient pas à leurs enfants, ne leur achetaient pas de livres ni de crayons, bien heureux de pouvoir les nourrir, les vêtir et leur mettre un toit sur la tête.
Certains d'entre eux étaient battus à mort, exploités sexuellement, mis au travail dès leurs trois ou quatre ans (mon ex-mari, né en 1949, est parti garder un troupeau de 50 chèvres seul dans la montagne à l'âge de 4 ans, lorsque son frère aîné est entré à l'école, à 6 ans ; c'était ce grand frère qui lui avait appris comment on s'y prenait pour se faire respecter par 50 biques encornées plus grandes et bien plus lourdes qu'eux-mêmes).
Ils étaient lavés au mieux une fois par semaine, avaient la gale, la teigne, des puces et des poux.
L'école maternelle a été créée pour les protéger, les soigner, les éduquer et tout leur apprendre de l'hygiène au langage, des bonnes manières à l'ouverture d'esprit.

L'école maternelle doit se recentrer réellement sur sa mission : éduquer et apprendre à parler.

Ces gamins n'avaient qu'un avantage sur les nôtres : leurs instits n'étaient pas obligés de pratiquer des méthodes innovantes afin de les exposer et de les vendre au Salon de l'Innovation Pédagogique.

Et ils voyaient leur parents travailler, et ils travaillaient eux-mêmes. 
Moi je vois les parents au chômage traîner devant l'école toute la journée, avec leur I-Phone. Aucune culture du travail ou du sens de l'effort.

Allez, je suis gonflée à bloc, je suis prête à tout affronter : 
http://clairedebulle.blogspot.fr/2015/12/bureau-des-plaintes_18.html

Bourriquet a écrit:Ces gamins n'avaient qu'un avantage sur les nôtres : leurs instits n'étaient pas obligés de pratiquer des méthodes innovantes afin de les exposer et de les vendre au Salon de l'Innovation Pédagogique.

Exactement. Et c'est bien là que je voulais en venir... Vous, les instits, vous n'êtes pas fautifs de cet état de fait. Vous êtes les victimes :
- d'un brouillage des informations (dans nos classes de 45 des années 1960, dans une ville nouvelle près du bidonville portugais, des non-lecteurs stricts à l'issue du CP, il n'y en avait que très exceptionnellement un, des lecteurs trop légers pour suivre un CE1, au plus un ou deux par an, des enfants qui écrivaient comme les vôtres, c'étaient des élèves de CP, ou de tout début de CE1)
- d'une formation partisane visant à faire passer des méthodes qui n'ont jamais fait leurs preuves. À croire qu'on profite de l'origine sociale des familles pour faire sans risque de l'expérimentation sur le vivant
- d'un flicage constant vous interdisant d'essayer autre chose, depuis la pédagogie de l'écoute, la maternelle du XXIe siècle ou Céline Alvarez de la TPS (impérative dans ces milieux-là) à la GS aux méthodes SLECC, Troisième Voie ou encore Montessori, de la GS au CM2.

Bourriquet a écrit:Et ils voyaient leur parents travailler, et ils travaillaient eux-mêmes. 
Moi je vois les parents au chômage traîner devant l'école toute la journée, avec leur I-Phone. Aucune culture du travail ou du sens de l'effort.

Oui. Sauf pendant les années de crise, dans les bas-fonds des grandes villes (excusez-moi, j'ai revu La Môme, hier soir), pendant les années de guerre ou d'occupation et dans les périodes d'agitation politique extrême (grandes grèves, immédiats après-guerre, restructuration du paysage industriel, ...).

Bourriquet a écrit:Allez, je suis gonflée à bloc, je suis prête à tout affronter : 
http://clairedebulle.blogspot.fr/2015/12/bureau-des-plaintes_18.html

Voilà ! Le premier et le troisième plaignants, même si c'est moyen pour des CE2, je dirais que ça va encore. Le deuxième, en revanche, c'est CP fin de premier trimestre, pas plus. Je suppose qu'il est inscrit aux APC et tout et tout ? Vous avez encore un RASED ? Il est comment, branché psy et "métier d'élèves" ?

C'est un dessin qui a deux ans, je ne me rappelle plus, je ne sais plus si je l'avais en APC... Maintenant il est au CM2, et les parents ont enfin accepté l'orthophoniste.

Non, on n'a plus de RASED depuis qu'on est en ECLAIR, et encore moins depuis qu'on est en REP +. Le maître E, qui est sur deux écoles, n'est là que pour les "semaines ECLAIR", rebaptisées en septembre "semaines REP+". On fait des décloisonnements géants durant ces semaines (une semaine sur 6). Il intervient pour les groupes les plus faibles, mais il a trop d'élèves dans son groupe de toute façon. 
On a une psy le mardi qui fait des tests mais qui n'a rien le temps de faire d'autre. 
La psy change tous les deux ou trois ans, elle n'a pas vraiment le temps de connaître les élèves, et nous on n'a pas bien le temps de la connaître.

Bourriquet a écrit:C'est un dessin qui a deux ans, je ne me rappelle plus, je ne sais plus si je l'avais en APC... Maintenant il est au CM2, et les parents ont enfin accepté l'orthophoniste.

Non, on n'a plus de RASED depuis qu'on est en ECLAIR, et encore moins depuis qu'on est en REP +. Le maître E, qui est sur deux écoles, n'est là que pour les "semaines ECLAIR", rebaptisées en septembre "semaines REP+". On fait des décloisonnements géants durant ces semaines (une semaine sur 6). Il intervient pour les groupes les plus faibles, mais il a trop d'élèves dans son groupe de toute façon. 
On a une psy le mardi qui fait des tests mais qui n'a rien le temps de faire d'autre. 
La psy change tous les deux ou trois ans, elle n'a pas vraiment le temps de connaître les élèves, et nous on n'a pas bien le temps de la connaître.

Mes pauvres ! J'ai honte pour notre pays d'être aussi peu à l'écoute des problèmes des élèves et de leurs enseignants.

En ce moment je me demande si je vais pas demander un CLIS l'an prochain. Comme ça j'aurai le même public, mais j'aurai 12 élèves au lieu de 28.

Bourriquet, aujourd'hui, je suis invitée à la soutenance de Thèse de Doctorat d'un ancien élève mignon !

Le sujet, c'est sur la Nano-technologie and cherry on the cake, c'est en anglais et à l'université de Bâle !!!

J'emporte un papier et un crayon et je te cogite quelque chose à laquelle j'ai pensé ce matin en faisant ma centaine de nems ...

Bourriquet a écrit:En ce moment je me demande si je vais pas demander un CLIS l'an prochain. Comme ça j'aurai le même public, mais j'aurai 12 élèves au lieu de 28.

Que nenni ! Tu n'auras pas le même public, tu auras des enfants autistes, des gros troubles du comportement, c'est du lourd la CLIS généralement. Tous ceux que tu as actuellement... ben justement, ils ne sont PAS en CLIS.

Ils ne sont pas en CLIS parce qu'il n'y a pas de place en CLIS, sinon ils y seraient. Les CLIS ferment. 
Et puis s'ils n'y sont pas, c'est qu'on a rabaissé le seuil du QI pour que les élèves ne puissent pas y entrer s'ils ne sont que légèrement déficients. 

Pour les gros troubles du comportement qui devraient être en hôpital de jour, j'ai aussi.

Pour les autistes, on en a à l'école, intégrés avec ou sans AVS.

Sapotille a écrit:

Bourriquet, aujourd'hui, je suis invitée à la soutenance de Thèse de Doctorat d'un ancien élève mignon !

Le sujet, c'est sur la Nano-technologie and cherry on the cake, c'est en anglais   et à l'université de Bâle !!!

J'emporte un papier et un crayon et je te cogite quelque chose à laquelle j'ai pensé ce matin en faisant ma centaine de nems ...

Ok, et envoie-moi la recette des nems en même temps ! 
Ah ben non j'ai mieux, envoie-moi des nems !! 

Sapotille a écrit:J'emporte un papier et un crayon et je te cogite quelque chose à laquelle j'ai pensé ce matin

En attendant que Sapotille nous livre le fruit de ses cogitations, je vous transmets la méthode efficace, bien que non validée par l'inspection, de la maîtresse du jeune Georges... Brassens :

A l'école où nous avons appris l'ABC
La maîtresse avait des méthodes avancées.
Comme il fut doux le temps, bien éphémère, hélas !
Où cette bonne fée régna sur notre classe.
Régna sur notre classe.
Avant elle, nous étions tous des paresseux,
Des lève-nez, des cancres, des crétins crasseux.
En n’ travaillant exclusivement que pour nous,
Les marchands d' bonnets d'âne étaient sur les genoux.
Etaient sur les genoux.
La maîtresse avait des méthodes avancées :
Au premier de la classe ell' promit un baiser,
Un baiser pour de bon, un baiser libertin,
Un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin.
Enfin bref, un patin.
Aux pupitres alors, quelque chose changea,
L'école buissonnière eut plus jamais un chat.
Et les pauvres marchands de bonnets d'âne, crac !
Connurent tout à coup la faillite, le krach.
La faillite, le krach.
Lorsque le proviseur, à la fin de l'année,
Nous lut les résultats, il fut bien étonné.
La maîtresse, ell', rougit comme un coquelicot,
Car nous étions tous prix d'excellence ex-aequo.
D'excellence ex-aequo.
A la récréation, la bonne fée se mit
En devoir de tenir ce qu'elle avait promis.
Et comme elle embrassa quarante lauréats,
Jusqu'à une heure indue la séance dura.
La séance dura.
Ce système bien sûr ne fut jamais admis
Par l'imbécile alors recteur d'académie.
De l'école, en dépit de son beau palmarès,
On chassa pour toujours notre chère maîtresse.
Notre chère maîtresse.
Le cancre fit alors sa réapparition,
Le fort en thème est redevenu l'exception.
A la fin de l'année suivante, quel fiasco !
Nous étions tous derniers de la classe ex-aequo !
De la classe ex-aequo !
A l'école où nous avons appris l'ABC
La maîtresse avait des méthodes avancées.
Comme il fut doux le temps, bien éphémère, hélas !
Où cette bonne fée régna sur notre classe.
Régna sur notre classe.

Mais c'est innovant !!

Quelques cases sur les attentats : 

http://clairedebulle.blogspot.fr/2015/12/13-novembre.html

J'aime bien la manière dont s'équipe tranquillou Ortho Woman, aidé en cela par son inséparable Cocc, tout en traduisant les déclarations de ses apprenants.

Bourriquet, dans tes bulles, il y a des phrases complètement justes orthographiquement parlant !

De quoi rester optimiste tout de même !

Pour le bureau des réclamations, tu ne devrais pas accepter les messages presque incompréhensibles.

Pour les aider, tu prépares un modèle où les enfants pourraient choisir et recopier des formules toute prêtes.

S'il nous plait, je voudrais :
- changer de place
- prendre un mouchoir dans la boite
- aller aux toilettes
- être assise à côté de .... parce que ....

Ils pourraient s'exprimer comme ils le veulent mais avec déjà une base de mots corrects.

Et puis, quand on lit leurs messages, on voit bien que c'est à peu près phonétique, mais qu'il manque des syllabes : ce sont des enfants qui n'ont pas l'air de bien connaître les mots qu'ils veulent employer ...

Tu vois, mon "grand" mignon qui soutenait sa thèse de doctorat hier, était arrivé à l'école primaire sans beaucoup de maternelle et ne parlant que l'alsacien ...
Dans notre secteur, c'était la règle.

Mais ils ont eu plus de chance que tes gamins même si seulement 50 km nous séparent.

Toto a reçu un somptueux bonnet céruléen pour Noël. Momo lui dit "Ho dis-donc, tu as eu un bonnet pour l'hiver"
Toto, vexé : "non l'est pas pour l'hiver, l'est pour l'ibleu !"

Phi a écrit:Toto a reçu un somptueux bonnet céruléen pour Noël. Momo lui dit "Ho dis-donc, tu as eu un bonnet pour l'hiver"
Toto, vexé : "non l'est pas pour l'hiver, l'est pour l'ibleu !"

C'est trop mignon ! Ça me rappelle Dobo quand elle avait trois ans :

Mon père : Ah, il faut que je mette mon disque, on est en zone bleue !
Dobo, hilare : Mais papa, tu dis n'importe quoi; si c'est zaune, c'est pas bleu !

Mignon!

Phi a écrit:Toto a reçu un somptueux bonnet céruléen pour Noël.

C'est en de telles situations que l'on reconnaît la spécialiste capable de distinguer d'un simple coup d’œil un bleu céruléen d'un bleu ciel des plus communs.

Je filme un gamin de CP en première séance. Mon appareil photo ressemble à ça :



Le gosse le regarde, stupéfait, et me dit "Il est bizarre, ton téléphone"...

Ben, il a raison... Tu n'as pas d'ail phone?http://media.paperblog.fr/i/249/2490107/ail-phone-L-1.jpeg

Nan, je ne suis pas trop au goût du jour... J'ai un ordinateur, note bien, et mon appareil photo est numérique, et aussi j'ai un téléphone portable...

Oui, bon, j'ai compris, je ne peux pas lutter.